Dernières nouveautés

9ème semaine (5 juillet - 9 juillet) : Focus sur les blancs

Les mises en marché des Bordeaux 2020 sont maintenant terminées et, après avoir consacré depuis fin mai nos newsletters aux vins rouges, nous terminons en revenant aujourd'hui sur les Bordeaux blancs secs et liquoreux dont le niveau qualitatif en 2020 mérite absolument d'être salué.
 
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Vins blancs secs : grand millésime d'équilibre entre saveur, richesse et tension
 
Tous les dégustateurs ont remarqué que, même si l'année 2020 compte parmi les plus chaudes en Bordelais, elle fut amplement favorable à l'élaboration de grands vins blancs secs.

Le 10 septembre 2020, les vendanges des blancs secs étaient terminées et les viticulteurs savaient qu'ils tenaient un grand millésime aromatique et frais. Les sauvignons, quoique moins exubérants qu'en 2019, montraient une belle fraîcheur sans arômes herbacés tandis que la grande réussite de 2020 était l'apanage des sémillons, savoureux et intenses, conférant aux assemblages profondeur et densité.

Pessac-Léognan, le nord du Médoc, au climat plus tempéré qu'ailleurs en Gironde, et plus généralement tous les terroirs ayant une bonne rétention hydrique (calcaire et argiles) ont donné des blancs secs brillants en 2020 et nous en avons profité pour élargir nos sélections cette année :
- Cos d'Estournel blanc 2020 « Vraiment impressionnant de densité, d’éclat aromatique et de longueur en bouche, montre le potentiel du médoc à son degré le plus élevé avec une certaine forme de générosité » pour Michel Bettane,
 
- Smith-Haut-Lafitte blanc 2020 « Ample à l’attaque, fondant et aérien en milieu de bouche, très parfumé et d’une exquise douceur, sans aucune référence à sa dominante sauvignon, le vin caresse le palais, tout en fondant, subtil, long et finalement incrachable. Depuis 2015, progressivement, il est devenu le plus grand vin blanc sec de Bordeaux. Un fabuleux travail où la joie se mêle à l’esthétique » pour Jean-Marc Quarin,
 
- Pape-Clément blanc 2020 « La bouche est bien équilibrée et semble moins boisée que les millésimes précédents. Le gingembre et la citronnelle animent la finale de cet excellent Pape Clément Blanc » pour Neal Martin,
 
- Aile d'Argent de Mouton-Rothschild 2020 « L'Aile d'Argent 2020 est formidable. Aromatique et vibrant, il possède une énergie formidable et un peu plus de verve que par le passé » pour Antonio Galloni,
 
- Domaine de Chevalier blanc 2020 « Riche mais subtil, le vin se développe par palier, passant d’un premier contact où il parle de froment et de miel à une expression plus florale et exotique où la générosité aromatique du sauvignon (70 %) s’exprime davantage. L’intensité de saveur et de matière est remarquable, portée par une tonicité rare dans le millésime. Coup de coeur » pour La Revue du Vin de France,
 
Valandraud blanc 2020 « Valandraud Blanc 2020 offre une formidable densité mais aussi une certaine puissance pure et débridée. Le citron confit, l'amande, les fleurs séchées, la menthe et les pierres pilées s'ouvrent dans le verre avec beaucoup de retenue. Ce blanc est fascinant, mais il faudra lui laisser du temps » pour Antonio Galloni,
 
Malartic-Lagravière blanc 2020 « La robe est pâle à reflets verts avec de beaux arômes de menthe verte. Le vin est dense et mentholé avec une belle concentration, il est légèrement boisé et un peu tannique, ce qui est rare mais lui permettra une belle évolution en bouteille » pour Bernard Burtschy.
 
Larrivet Haut-Brion blanc 2020 « Larrivet Haut-Brion Blanc 2020 marie un doux bouquet tropical avec une réelle sensation de puissance en bouche. Citron confit, pâte d'amande, fleurs blanches et ananas se dévoilent dans le verre. Le 2020 est un blanc puissant, explosif, qui a beaucoup à raconter. Je l'ai adoré » pour Antonio Galloni,
 
- Latour-Martillac blanc 2020 « La bouche très bien équilibrée est assez intense, offrant une fine touche d'acidité et beaucoup de tension et de minéralité jusqu'à la finale saline. Si je devais m'acheter un seul Bordeaux blanc sec cette année, ce pourrait bien être celui-ci. Une perle rare » pour Neal Martin,
 
- Couhins blanc 2020 « Les arômes sont sur les agrumes et le vin est d’honnête densité, bien structuré par son acidité, un rien filiforme, très typé sauvignon. Le millésime a engendré le meilleur qui ait été produit par le château » pour Bernard Burtschy
 

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Vins blancs liquoreux : miraculés et miraculeux
 
Une accalmie miraculeuse de 4 jours à la mi-octobre permit aux grands crus du Sauternais de récolter des grappes présentant tous les stades d'évolution du botrytis, de "pourri plein" à "pourri rôti". Seul Suduiraut est allé jusqu'à effectuer une dernière trie les 3 et 4 novembre pour ramasser des grappes totalement botrytisées.
 
Ainsi, 2020 en Sauternais est un millésime qualitatif avec des vins fins, purs, fruités, sur des corps demi-liquoreux leur conférant un style aérien et délicat. Mais il s'agit à nouveau d'une récolte infime (moins de 10hl/ha). Nous avons sélectionné 6 liquoreux cette année, en préférant Clos Haut-Peyraguey à Lafaurie-Peyraguey et en réintégrant Haut-Bergeron :
 
- Suduiraut 2020 « La bouche est ample et onctueuse en attaque, puis dense et puissante, avec de légères notes épicées, poivre blanc, en fin de bouche. Un Sauternes grandiose, très persistant » pour Neal Martin,
 
- Guiraud 2020 bio « Guiraud 2020 est fabuleux. Habituellement plus opulent, son 2020 séduit par sa pureté limpide. J'ai beaucoup aimé son énergie. Un vin de classe, impressionnant » pour Antonio Galloni,
 
- Coutet 2020 « Malgré une liqueur plus modérée de quelques grammes de sucre en moins que les années précédentes, il garde une belle douceur à l’attaque de bouche. Mais rapidement il s’affirme par la force tonique et minérale du sol de Barsac, par son intensité vivifiante avec de jolis amers aux notes de zestes d’agrumes en finale. Coup de cœur » pour La Revue du Vin de France,
 
Clos Haut-Peyraguey 2020 « Clos Haut-Peyraguey 2020 est merveilleusement sensuel et raffiné. Le citron confit, le fruit de la passion, l'ananas, la noix de coco et une touche de chêne neuf donnent au 2020 sa personnalité exotique et séduisante. Crémeux et merveilleusement expressif, le 2020 s'ouvre joliment dans le verre. Il a été absolument formidable lors de deux dégustations distinctes » pour Antonio Galloni,
 
Doisy-Daëne 2020 « Une étonnante réussite confirmée par chaque échantillon. De l’ampleur, de l’éclat et une préservation du fruit à citer en exemple. On peut parler de grand millésime » pour Michel Bettane,
 
- Haut-Bergeron 2020 « Au nez, on a le sentiment d’un souffle frais végétal propre au caractère de ce millésime, voire même, il donne l’impression qu’une touche de sauvignon domine dans son parfum. Puis, une puissante note d’ananas frais s’impose. Un liquoreux pur, net et équilibré, d’une belle longueur en bouche avec un beau relent acidulé en finale. Splendide ! » pour La Revue du Vin de France.

 

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8ème semaine (28 juin-2 juillet) : Touche finale

C'est la famille Thienpont (Jacques, Alexandre et Guillaume) qui est venue ajouter cette semaine la dernière pierre à l'édifice "Primeurs 2020" :

Pomerol : Vieux Château Certan

Soupir : la production de L'If (Saint-Émilion) est tellement réduite en 2020 que Jacques Thienpont n'a pu en assurer la diffusion habituelle. C'est avec regret que nous ne vous proposons pas L'If 2020 (du moins en primeur).

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Rapports qualité/prix en 2020
 
Depuis fin mai, les deux dégustateurs de vinous ont largement abondé leurs notes et appréciations sur les Bordeaux 2020, Antonio Galloni en recevant et regoûtant aux U.S.A. nombre de nouveaux échantillons, Neal Martin en venant déguster sur place à Bordeaux ce mois de juin.
 
Ainsi, en reprenant leurs bases de données maintenant complètes, nous vous indiquons pour chaque note les trois Bordeaux rouges les moins chers de notre sélection, avec entre parenthèses le prix HT à la bouteille.
 
Ceci vous permet de découvrir immédiatement les meilleurs rapports note(=qualité) / prix du millésime. Les crus en gras sont toujours ouverts à la réservation.
 
Classement Antonio Galloni

97/100 et + : Haut-Brion (432 €), Margaux (432 €)
96/100 et + : La Gaffelière (48 €), Clos Fourtet (78 €), Pichon-Baron (110 €)
95/100 et + : Petit Gravet Aîné (26 €), Domaine de Chevalier (47 €), Feytit-Clinet (47 €)
94/100 et + : Ferrière (28 €), Branaire-Ducru (31 €), Clos Saint-Julien (34 €)
93/100 et + : Poesia (20 €), Barde-Haut (22 €), Virginie de Valandraud (24 €)
92/100 et + : Carbonnieux (22 €), Clos Puy-Arnaud (21 €), Mazeyres (22 €)
91/100 et + : Les Trois Croix (12 €), La Vieille Cure (14 €), Montlandrie (15 €)
90/100 et + : d'Aiguilhe (12 €), La Dauphine (13 €), Tour des Termes (13 €)
 
Classement Neal Martin

98/100 et + : Margaux (432 €)
97/100 et + : La Mission Haut-Brion (252 €), Ausone (500 €)
96/100 et + : La Gaffelière (48 €), Canon (96 €), Pichon-Comtesse de Lalande (132 €)
95/100 et + : Brane-Cantenac (48 €), Grand Puy Lacoste (50 €), Pape-Clément (62 €)
94/100 et + : Malartic-Lagravière (29 €), Cantenac-Brown (34 €), Malescot-St-Exupéry (38 €)
93/100 et + : Latour-Martillac (21€), Barde-Haut (22 €), Gloria (26 €)
92/100 et + : Les Trois Croix (12 €), Dalem (14 €), La Fleur de Boüard (16 €)
91/100 et + : La Dauphine (13 €), La Chenade (13 €), La Tour de Mons (13 €)
90/100 et + : Alcée (11 €), d'Aiguilhe (12 €), Côte de Baleau (14 €)
 
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7ème semaine (21 juin-25 juin) : Le meilleur pour la fin

Avec les nombreuses mises en marché de cette semaine, la liste des Bordeaux 2020 est maintenant quasi complète (il ne manque plus que Vieux-Château-Certan lundi prochain, L'If et Le Pin en suivant) :

Bordeaux blanc sec : Aile d'Argent, Cos d'Estournel (nouveau), Smith Haut Lafitte
 
Graves / Pessac-Léognan : Haut-Bailly II, La Chapelle de la Mission Haut-Brion, Smith Haut Lafitte, Haut-Bailly, Le Clarence de Haut-Brion, La Mission Haut-Brion, Haut-Brion
• Médoc / Moulis / Listrac : G d'Estournel (nouveau)
Margaux : Pavillon Rouge, Palmer bio, Margaux
Saint-Julien : Ducru-Beaucaillou, Léoville Las Cases
Pauillac : Le Petit Mouton, Mouton-Rothschild
 Saint-Estèphe : Les Pagodes de Cos, Montrose, Cos d'Estournel
 

Pomerol : La Conseillante
Saint-Émilion : Côte de Baleau, Dragon de Quintus, Les Grandes Murailles (nouveau), Pavie-Macquin, Quintus, Clos Fourtet, Figeac
 
Bizuths
. 3 nouveaux vins intègrent nos sélections en primeur cette année :
 
- Cos d'Estournel blanc. La fraîcheur de l'estuaire permettant de contrer les effets du réchauffement climatique, la pointe nord du Médoc est devenu le terroir en vogue pour élaborer de grands Bordeaux blancs secs. Cos d'Estournel l'a compris en produisant depuis 2005 son confidentiel vin blanc, 2/3 sauvignon et 1/3 sémillon. Élevage avec moins de 10% de barriques neuves pour mieux mettre en valeur sa fine énergie citronnée, son allonge pure et son potentiel de garde.
 
- G d'Estournel. À l'image de Léoville-Las Cases qui possède Potensac en appellation Médoc, Cos d'Estournel poosède un vignoble de 32 ha au lieu-dit Goulée en bordure d'estuaire. Mais la comparaison s'arrête là car autant Potensac est un vin qui nécessite au moins 10 à 15 ans de vieillissement pour se révéler, autant G d'Estournel est un vin immédiatement savoureux, généreux et friand. Une spectaculaire bombe de fruit mûr et une forte note plaisir à la clé, à moins de 20 € HT la bouteille.
 
- Les Grandes Murailles. Minuscule grand cru classé de Saint-Émilion de 2 ha, contigu à Clos Fourtet, propriétaire depuis 2012 et dirigé depuis 2018 par la même équipe technique (MM. Derenoncourt et Berrouet). Un quasi Clos Fourtet pour la moitié du prix dont il faut se dépêcher de profiter car Les Grandes Murailles devrait disparaître pour être incorporé au vignoble de Clos Fourtet lors du prochain classement (2022 ?).
 
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Parlons prix...
 
Le prix des Bordeaux rouges avait atteint un point haut lors des Primeurs 2018. L'an dernier, alors que la pandémie se répandait sur tous les continents et suscitait une inquiétude générale, les Primeurs 2019 ont été mis en marché avec des baisses de prix allant de -20% à -30%.
 
Ce printemps, la crise sanitaire est toujours là mais la diffusion des vaccins découverts entre-temps laisse entrevoir à court ou moyen terme une issue positive. Dans ces conditions et en tenant compte des faibles rendements mais aussi de la qualité de 2020, nous vous annoncions en mai dernier que le prix des Bordeaux 2020 était attendu en hausse de 10% à 15%, plaçant 2020 à mi-chemin entre 2018 et 2019.
 
Maintenant que les prix sont connus, nous constatons que cette règle du mi-chemin a été respectée par 95% des crus que nous vous proposons en primeur, la majorité d'entre eux étant dans le bas de la fourchette, avec un prix 2020 plus proche de 2019 que 2018.
 
Parmi les 5% qui font exception à la règle, voici les plus notables :
 
- les crus dont le prix 2020 est même inférieur au prix 2019 de l'an dernier. Nous en avons trouvé deux :
  - Fugue de Nénin (-7%) à Pomerol
  - du Retout (-3%) en Haut-Médoc
 
- les crus dont le prix 2020 est au-delà de leur prix 2018. Il s'agit des crus les plus recherchés, dont les prix reflètent la progression de la qualité et de la demande dans les derniers millésimes :
  - Léoville-Las Cases (+10%) à Saint-Julien
  - L'Église-Clinet (+11%) à Pomerol
  - Larcis-Ducasse (+13%) à Saint-Émilion
  - Haut-Bailly (+14%) en Pessac-Léognan
  - Ducru-Beaucaillou (+15%) à Saint-Julien
  - Smith-Haut-Lafitte (+21%) en Pessac-Léognan
 
 - hors concours. Petit-Village, avec de nouveaux propriétaires et de nouvelles ambitions tant qualitatives que tarifaires (2020 75% plus cher que 2018).
 
Ainsi, partant du principe que 2018, 2019 et 2020 sont trois très grands millésimes bordelais globalement d'égale réputation (cf. leurs notes et commentaires), leurs prix sont appelés à se rejoindre quand ils seront disponibles après la mise en bouteille. Soit une hausse moyenne prévisible de 20% à 30% pour les 2019, et de 10% à 15% pour les 2020.

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6ème semaine (14 juin-18 juin) : Belle semaine

Cette semaine fut riche en grands noms bordelais, certains au sommet de la hiérarchie (Ausone, Pichon Baron et Comtesse...), d'autres parmi les plus recherchés (Les Carmes Haut-Brion, Pontet-Canet, Calon-Ségur...) :

Bordeaux blanc sec : Virginie de Valandraud, Blanc de Lynch-Bages, Valandraud, Pape-Clément
 
Graves / Pessac-Léognan : Pape-Clément, Les Carmes Haut-Brion
Margaux : Baron de Brane, Malescot Saint-Exupéry, Giscours, d'Issan, Durfort-Vivens bio , Brane Cantenac
Pauillac : Les Griffons de Pichon-Baron (nouveau), Réserve de Pichon Comtesse, Pontet-Canet bio, Lynch-Bages, Pichon-Baron, Pichon-Comtesse de Lalande
 Saint-Estèphe : Le Marquis de Calon-Ségur, Calon-Ségur
 

Pomerol : Feytit-Clinet, Clinet, l'Église-Clinet
Saint-Émilion : Virginie de Valandraud, La Marzelle bio, Larcis-Ducasse, Rocheyron bio, Troplong-Mondot, Valandraud, Chapelle d'Ausone, Ausone
 
Espagne : PSI, Flor de Pingus, Pingus bio
 
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Podiums
 
Alors que les plus grands crus 2020 sont ou vont être prochainement proposés, il est temps d'évoquer les plus belles réussites du millésime.
 
À chaque millésime, quelques crus se retrouvent dans le haut du classement de tous les critiques et font le consensus. En 2020, rien de cela. Il est même très surprenant de constater à quel point les avis des critiques diffèrent cette année.
 
Pour preuve de ces divergences, le jugement global sur les vins de Pessac-Léognan fait écrire à Antonio Galloni : « the most successful appellation » tandis que La Revue du Vin de France parle d'une « appellation en demi-teinte ».

Les raisons de cette diversité de jugements parfois antagonistes sont multiples :

- les plus grandes réussites en 2020 se trouvent dans toutes les appellations des deux rives, tant pour les merlots que pour les cabernets francs ou sauvignons.
- les dégustations ont été échelonnées sur deux mois, de début avril à fin mai, et les vins évoluent rapidement lors des premiers mois d'élevage en barriques.
- les dégustateurs qui ont pu venir à Bordeaux ce printemps ont dégusté à la barrique tandis que les autres ont dégusté chez eux des échantillons plus ou moins affectés par le transport.
- tous les critiques n'ont pas nécessairement eu accès cette année à tous les crus, pour diverses raisons en relation avec la crise sanitaire.
 
Voici le ou les cru(s) ayant obtenu la note maximale chez les différents critiques que nous suivons (les crus sont cités par ordre alphabétique, en gras ceux dans nos sélections) :
 
Bettane&Desseauve (mybettanedesseauve.fr)
Meilleure note 98/100 : Ausone,Cheval-Blanc, Lafleur, Montrose, Pavie, Petrus
Nous remarquons que tous les crus cités sont en rive droite, sauf Montrose seul représentant de la rive gauche.
 
La Revue du Vin de France (larvf.com)
Meilleure note 98-100/100 : Montrose, Palmer, Pichon-Comtesse de Lalande, Pontet-Canet
Tous les crus cités sont en rive gauche et aucun 1er grand cru classé n'est cité.
 
Le Point (lepoint.fr)
Meilleure note 19/20 : Lafite-Rothschild
Un seul cru, rive gauche, est cité devant tous les autres.

Jean-Marc Quarin (quarin.com)
Meilleure note 99/100 : Ausone, Cheval-Blanc
Seuls les deux plus grands Saint-Émilion sont placés en tête.

Antonio Galloni (vinous.com)
Meilleure note 97-99/100 : Haut-Brion, Margaux, Pavie
Trois crus, deux de rive gauche (Margaux et Pessac), un de rive droite (Saint-Émilion).

Neal Martin (vinous.com)
Meilleure note 97-99/100 : Margaux, La Mission Haut-Brion, Trotanoy
Trois crus, deux de rive gauche (Margaux et Pessac), un de rive droite (Pomerol). La similitude des podiums des deux dégustateurs américains, alors qu'ils ont dégusté des échantillons différents chacun de leur côté, est troublante.
 
Ne voulant pas être en reste, nous vous livrons notre podium pour cette année :
 
Maison Dubecq
- rive gauche : Lafite-Rothschild, Léoville-Las Cases
- rive droite : Ausone, Cheval-Blanc, Vieux-Certan
Nous plaçons à égalité ces 5 crus au sommet de millésime 2020. Pour la première fois depuis le millésime 2016, Lafite-Rothschild l'emporte (ex-aequo) à notre avis en rive gauche. Il est vrai que 2020 et 2016 sont deux millésimes avec des profils climatiques comparables, que la fraîcheur et la finesse tannique rapprochent.
 
 
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Peter Sisseck : made in Ribera del Duero
 
En Ribera del Duero, la météo 2020 a été similaire à celle de Bordeaux (ce qui est courant ces dernières années) :
 
- un printemps chaud et humide responsable de la précocité de la vigne et d'un mildiou sévère,
- un été sec avec une chaleur régulière mais sans excès (maximum 37,8°C le 27 juillet), et des nuits fraîches (4,3°C la nuit du 29 au 30 août !),
- une perturbation pluvieuse (40 à 60 mm) au début des vendanges, entre le 17 et le 20 septembre.
 
La principale recherche de Peter Sisseck est aujourd'hui de contrecarrer les effets du réchauffement climatique, avec des sécheresses et des chaleurs de plus en plus prononcées, pour ne surtout pas récolter des raisins trop riches donnant des vins à 17-18° d'alcool.
 
Il y a 20 ans (le premier millésime de Pingus date de 1995), Peter Sisseck avait des rendements très faibles et vendangeait le plus tard possible. Depuis les deux derniers millésimes plus frais de 2012 et 2013, il prend soin d'augmenter ses rendements de 10% à 15%, s'attache à vendanger parmi les premiers de la Ribera et à conduire ses fermentations en-dessous de 25°C.
 
Ces pratiques ont été salvatrices en 2020 et expliquent à elles seules la grande réussite et l'enthousiasme de Peter Sisseck pour ses vins :
 
Pingus : vendanges débutées le 7 septembre (les plus précoces jamais faites à Pingus) et terminées le 17 septembre, juste avant les pluies. Malgré une richesse évidente, c'est l'extrême douceur et finesse des tanins qui surprend, au point de penser que les tanins sont absents. Pour conserver toute la délicatesse du fruit, aucune barrique neuve n'a été utilisée et une partie des vins est élevée en foudre de chêne de 20 hl. Seulement 625 caisses d'un (très) grand Pingus en 2020, prix en légère augmentation (+5% alors que les prix n'avaient pas changé depuis 2015).
 
Flor de Pingus : vendangé simultanément avec Pingus, juste avant les pluies. À peine moins concentré et long que Pingus, aussi floral (violette....) et remarquable de fraîcheur. Contrairement à Pingus, Flor est élevé pour 25% en barriques neuves, nécessaires d'après Peter Sisseck pour mieux polir et lisser les tanins de Flor. Production estimée : 9000 caisses en 2020, prix inchangé.
 
Psi : vendanges en deux temps avec la partie occidentale de la Ribera, plus précoce, avant le 20 septembre, et la partie orientale après les pluies et jusqu'au 3 octobre. Avec des fermentations conduites à 23°C, Psi 2020 montre une robe claire, d'une transparence étonnante pour un Ribera del Duero (à l'image de celle de Rayas parmi les Châteauneuf du Pape). En bouche, le vin est frais, juteux et dynamique. Si Psi 2019 était né sous le signe de la gourmandise, Psi 2020 est lui caractérisé par son élégance inédite. Élevage en grands foudres de chêne, production estimée : 29000 caisses en 2020, prix inchangé.
 
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Peter Sisseck : made in Saint-Émilion
 
Rocheyron : en partenariat avec Sylvio Denz (propriétaire de Faugères et Lafaurie-Peyraguey), Peter Sisseck confirme en 2020 la progression de Rocheyron « je pense que c'est jusqu'à présent le meilleur Rocheyron que nous avons produit, je suis très très [sic] heureux et fier de ce vin ». Ici aussi, les pratiques de Peter Sisseck aidées par la fraîcheur naturelle du plateau calcaire à l'est de Saint-Émilion ont pleinement joué leur rôle en 2020, donnant un Rocheyron floral, séveux, intense. Élevé à 50% en fûts neufs, certifié bio à partir de 2020, 1600 caisses produites, prix inchangé.

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5ème semaine (7 juin-11 juin) : Rythme de croisière

Avec la mise en marché cette semaine de Lafite-Rothschild, la campagne "Primeurs 2020" couvre maintenant l'ensemble de la gamme des crus classés de Bordeaux :

Bordeaux blanc sec : Caillou Blanc de Talbot
 
Margaux : Ferrière bio, Cantenac Brown
Saint-Julien : Connétable de Talbot, Sarget de Gruaud, Gloria, La Croix Ducru-Beaucaillou, Saint-Pierre, Talbot, Gruaud-Larose
Pauillac : Lacoste Borie, Haut-Bages Libéral bio, Grand Puy Lacoste, Duhart-Milon, Clerc-Milon, Carruades de Lafite, Lafite-Rothschild
 
Pomerol : Fugue de Nénin, Mazeyres bio, Nénin, Clos l'Église, L'Évangile, La Violette
Saint-Émilion : Fonroque bio, La Gaffelière
 
Nul n'est irremplaçable : nous ne pouvons que regretter la disparition de nos sélections de crus pour des raisons autres que qualitatives. C'est le cas cette année pour le Petit-Verdot de Belle-Vue suite à une exclusivité accordée à un unique distributeur (Bordeaux Tradition) et pour Beauséjour-Duffau-Lagarosse suite à son changement de propriétaire (et au départ de MM. Thienpont et Derenoncourt).
 
Aux bons soins d'Urgo : quand la famille Le Lous (propriétaire des Laboratoires Urgo) a racheté fin 2019 Cantenac-Brown et décidé d'y maintenir l'équipe déjà en place (dirigée par M. José Sanfins), on aurait pu penser que rien n'avait changé dans ce déjà excellent cru classé de Margaux. Force est de constater qu'un nouvel esprit y souffle et nous sommes tombés sous le charme et l'harmonie de leur 2020, au même titre qu'Antonio Galloni « Cantenac Brown is shaping up to be one of the wines of the vintage. 94-97/100 ».
 
En ballerine : comme annoncé dans une newsletter de février dernier, Duhart-Milon a depuis 2010 grandement affiné son style pour se rapprocher peu à peu de celui de Lafite (même propriétaire et même équipe). Premier millésime à bénéficier du nouveau cuvier (avec 60% de cuves supplémentaires pour une gestion parcellaire), son 2020 a surpris tous les dégustateurs par sa fraîcheur tonique, sa longueur et son raffinement aromatique. Un compétiteur de plus parmi les grands Pauillac, le seul qui fut classé 4ème grand cru en 1855.
 
1820-2020 : pour célébrer ses 200 ans à la tête de Haut-Bergeron, la famille Lamothe a décidé de créer une étiquette exceptionnelle dédiée au millésime 2020. Celle-ci, telle une fresque, retrace l'histoire de la propriété et les valeurs transmises depuis 9 générations. La famille Lamothe en a également profité pour produire un des meilleurs Sauternes de l'année, encensé par tous les critiques, français « Il dépasse la moitié des Crus Classés. Un vin splendide ! 94-95/100 » pour Bernard Burtschy, comme étrangers « Very promising. 91-93/100 » pour Neal Martin.

Rencontre du 3ème type : il y avait jusqu'ici la caisse panachée horizontalement (différents châteaux dans un même millésime, par exemple celle des 1ers crus classés de Sauternes) ou la caisse panachée verticalement (même château dans plusieurs millésimes, par exemple la caisse Biodynamie de Pontet-Canet).
Grand-Puy-Lacoste vient d'inventer la caisse panachée du 3ème type : même château, même millésime mais dans 3 formats différents. À partir du millésime 2020, Grand-Puy-Lacoste propose également une caisse baptisée Variation contenant 4 bouteilles, 2 magnums et 1 double-magnum, soit l'équivalent en volume d'une caisse de 12 bouteilles. Une excellente initiative propre à satisfaire les (nombreux) amateurs de ce grand Pauillac, à commencer par ceux qui ont eu un enfant en 2020.


 

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4ème semaine (31 mai-4 juin) : Dans le vif du sujet

L'apparition cette semaine de crus significatifs sur toutes les appellations fait entrer la campagne "Primeurs 2020" dans le vif du sujet :

Bordeaux blanc sec : Les Arums de Lagrange, Malartic-Lagravière, Domaine de Chevalier

Graves / Pessac-Léognan : Malartic-Lagravière, Domaine de Chevalier
• Médoc / Moulis / Listrac : Potensac, La Tour Carnet, Sociando-Mallet
Margaux : La Gurgue bio, Siran
• Saint-Julien : Les Fiefs de Lagrange, Lagrange, Clos du Marquis, Beychevelle
Pauillac : Pédesclaux, d'Armailhac
 Saint-Estèphe : Ormes de Pez, Meyney, Cos Labory
 
Rive Droite / Libournais : d'Aiguilhe, La Vieille Cure
Pomerol : La Petite Église, Gazin
Saint-Émilion : Fombrauge, Clos de l'Oratoire bio, Canon-La Gaffelière bio, La Mondotte bio
 
Trésors cachés en rive droite : avec d'Aiguilhe et La Vieille Cure proposés cette semaine, notre sélection "Rive Droite/Libournais" est maintenant complète. De Fronsac à Castillon, en ajoutant les satellites de Pomerol et Saint-Émilion, cette région regorge de crus favorisés en 2020 tant par leurs sols calcaires ou argilo-calcaires que par un encépagement majoritairement merlot. Avec des prix restés quasi constants, ces 19 crus dans l'ombre de leurs prestigieux voisins offrent dans un millésime d'exception comme 2020 des rapports qualité/potentiel de garde/prix sans égal.
 
Bicéphale : deux dégustateurs (et ex-collaborateurs de Robert Parker) commentent les vins de Bordeaux sur le site vinous.com : Neal Martin l'analytique et Antonio Galloni le jouisseur. En organisant séparément leurs dégustations mais en publiant simultanément leur avis, ils permettent par leurs différences comme par leurs recoupements de cerner au plus près la qualité et le style des vins.
 
Antonio se jette à l'eau... : après Neal Martin la semaine dernière, c'est maintenant Antonio Galloni qui vient de donner son verdict sur les Bordeaux 2020. Verdict incomplet pour les mêmes raisons (échantillons non reçus aux U.S.A. ou dégradés par le transport) mais Antonio Galloni fait part d'une liste de 32 Bordeaux rouges qui, sans forcément être les mieux notés, se sont démarqués lors de ses dégustations (en italique ceux qui ne sont pas dans nos sélections) :
 
Graves / Pessac-Léognan : Domaine de Chevalier, Smith-Haut-Lafitte, Les Carmes Haut-Brion, Haut-Brion
Margaux : Brane-Cantenac, Margaux
Saint-Julien : Branaire-Ducru, Beychevelle, Léoville-Poyferré, Léoville-Las Cases
Pauillac : Grand-Puy-Lacoste, Pontet-Canet, Pichon-Baron, Pichon-Comtesse
Saint-Estèphe : Phélan-Ségur, Lafon-Rochet
 
Pomerol : Bourgneuf, Clos l'Église, Trotanoy, L'Évangile, L'Église-Clinet
Saint-Émilion : Tour Saint-Christophe, Laroque, Petit-Gravet Aîné, Clos de l'Oratoire, Le Prieuré, Larcis-Ducasse, Clos Fourtet, Valandraud, L'If, Pavie, Angélus

... et se mouille : contrairement à Neal Martin, Antonio Galloni n'émet pas de jugement de valeur sur la qualité d'ensemble du millésime 2020 par rapport à 2019 et 2018 (cf. la lettre d'information de la semaine dernière). Par contre, il mentionne clairement son appellation préférée qui, contrairement à celles de la majorité des critiques, n'est pas en rive droite :
 
« Pessac-Léognan est l'appellation la plus réussie dans son ensemble, très probablement parce que la date et la quantité des pluies estivales étaient en adéquation avec les vignobles dans leurs cycles de maturation. Oui, les grands crus y sont magnifiques, mais il y a plus que cela. J'ai été particulièrement frappé par la qualité des seconds vins des propriétés les plus prestigieuses, ainsi que par les vins de certains châteaux plus modestes. C'est cette profondeur qui me pousse à croire que Pessac-Léognan a exceptionnellement réussi en 2020 ».
 

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3ème semaine (25-28 mai) : Avant rush

Alors que les critiques français et internationaux sont en train de publier leurs notes et commentaires (voir ci-après), nombre de crus ont profité de cette semaine pour proposer leur 2020 avant la déferlante attendue à partir de la semaine prochaine :
 
Bordeaux blanc sec : Latour-Martillac
 
Graves / Pessac-Léognan : Larrivet Haut-Brion, Latour-Martillac
• Médoc / Moulis / Listrac : Madame de Beaucaillou, Poujeaux, Chasse-Spleen
Margaux : Prieuré-Lichine, Du Tertre
• Saint-Julien : Le Petit Ducru
Pauillac : Pibran (nouveau)
 Saint-Estèphe : Haut-Marbuzet
 
Rive Droite / Libournais : Peyrou bio, La Chenade, Montlandrie, Les Cruzelles, Clos Puy Arnaud bio
Pomerol : Bellegrave bio
Saint-Émilion : Petit Gravet Ainé bio, Clos Saint Julien bio, Le Dôme
 
Sans tapage : depuis près de 100 ans, la famille Kressmann mène Latour-Martillac avec le souci du travail bien fait et le respect de leurs vignes comme du consommateur final. Leur blanc 2020 est pur, précis, d'une parfaite fraîcheur aromatique, tandis que le rouge offre une belle synthèse des qualités du millésime 2020, mélant le soyeux des 2019 avec le fruit et la fraîcheur des 2016. Neal Martin vient de leur accorder l'excellente note de 93-95/100 dans les deux couleurs. Incontestablement, Latour-Martillac talonne les stars de Pessac-Léognan, avec des bouteilles blanc comme rouge à 24,50 € HT cette année.
 
Tapi dans l'ombre : Pibran, coincé entre Pontet-Canet et d'Armailhac, est une des rares pépites de la commune de Pauillac au vignoble presque entièrement couvert par les grands crus classés. Pépite discrète alors que Pibran est vinifié à Pichon-Baron (même propriétaire Axa-Millésimes), bénéficie du savoir-faire de l'équipe de Pichon-Baron, du talent de l'excellent Maître de chai Jean-René Matignon (en poste depuis 1985 !) et de la même rigueur de sélection avec l'élaboration d'un second vin malgré ses seulement 17 ha.
 
Rageant : il est vraiment dommage pour les vignobles Maltus de voir leur récolte 2020 amputée des 3/4 à la veille du prochain classement (2022 ?) de Saint-Émilion. Entre le mildiou, la coulure, le millerandage puis la sécheresse de l'été, ce sont seulement 3500 bouteilles produites cette année (moitié moins que Le Pin !) au lieu des 12000 habituelles. Leurs trois vignobles parcellaires (Le Dôme, Les Astéries, Le Carré) sont dorénavant regroupés sous l'étiquette Le Dôme et vinifiés dans le nouveau chai (semi-enterré et en forme de... dôme) signé Foster. Celui-ci devait être inauguré en grande pompe en juin 2021 mais la crise sanitaire est passée par là et l'inauguration n'a toujours pas eu lieu. Quand ça ne veut pas...
 
Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son : c'est pourquoi nous vous indiquons pour chaque cru (en cliquant dessus) les notes et une partie des commentaires des critiques à notre avis sincères et pertinents, 5 français (Bettane, Dupont, Revue du Vin de France, Quarin, Burtschy) et 2 américains (Galloni et Martin). Bien sûr, aucun ne détient la vérité absolue et une simple note ne saurait décrire un vin. Par contre, de l'ensemble des avis se dégage une impression, un faisceau de présomption qui vous permettra de deviner si un cru peut correspondre à votre goût, à votre attente.
 
À prendre avec des pincettes : Lisa Perrotti (Wine Advocate) et Neal Martin (Vinous) viennent de rendre leur verdict sur les échantillons de Bordeaux 2020 qu'ils ont dégustés chez eux aux USA. Entre les échantillons non reçus et ceux viciés par le transport, il est impossible d'en tirer des conclusions instructives ni même d'établir un podium. Pour Neal Martin, qui n'a pu noter par exemple Pavillon Blanc, Yquem, Rieussec, Palmer, Beychevelle, Gruaud-Larose, Latour, Petrus, Le Pin, Cheval Blanc, Ausone, etc., nous vous en ferons part quand il aura complété son tableau après sa visite à Bordeaux ce mois de juin.
 
Mouiller sa chemise : si tous les dégustateurs s'accordent pour clamer la haute qualité du millésime 2020, aucun d'entre eux n'ose placer 2020 dans le concert des 3 grands millésimes consécutifs 2018-2019-2020 que Bordeaux vient de connaître. Sauf Neal Martin qui situe 2019 en premier suivi de 2018 puis 2020. Alors que pour nous 2020 viendrait après les exceptionnels 2016 (le raffinement) et 2018 (la richesse) mais devant 2015 et 2019 (cf. notre lettre d'informations générales du 15 mai : ici). Une chose est sûre : les dégustations, comparaisons et évolutions de ces 5 grandissimes millésimes seront absolument passionnantes à suivre et n'ont pas fini d'alimenter les débats.
 

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Lundi de Pentecôte (24 mai) : hors Bordeaux

Nous profitons de cette journée (lundi de Pentecôte) calme sur le front des Bordeaux 2020 pour mettre en ligne le millésime 2020 de deux producteurs hors Bordeaux vendant leurs vins en primeur dans le même timing que les bordelais :

Domaine Chartron - Bourgognes blancs de la Côte de Beaune : 3 villages, 4 premiers crus et 2 grands crus (Bâtard et Chevalier-Montrachet)
 
2020 Bourgognes blancs : après un hiver doux, le beau temps s'est installé en Bourgogne dès la mi-mars et a rapidement donné à la vigne 3 semaines d'avance qu'elle a conservées jusqu'aux vendanges. L'été fut chaud et surtout sec (comme partout ailleurs en France) et les vendanges, d'une précocité historique, purent débuter dès le 17-18 août avec un état sanitaire impeccable et des rendements standards entre 40 et 50 hl/ha chez tous. En vendangeant tôt, les bons vignerons ont su conserver à leurs blancs de belles acidités parallèlement à leur richesse. Même si 2020 est bien un millésime solaire (le 6ème d'affilée), les vins ont indéniablement un équilibre classique typiquement bourguignon.
 
Tardieu-Laurent - Blancs de la Vallée du Rhône : 4 vins septentrionaux (de Condrieu à Saint-Péray) et un méridional (Châteauneuf)
 
2020 Rhône blancs : comme en Bourgogne, les cépages blancs de la Vallée du Rhône affichent une fraîcheur étonnante, la plus marquée depuis 2013. Cette fraîcheur rend les vins plus précis, plus élancés et plus expressifs, la palette aromatique n'étant masquée ni par la richesse ni par l'alcool. Des vins raffinés entre tension et finesse appelés à de beaux vieillissement.
 
Tardieu-Laurent - Rouges de la Vallée du Rhône : 6 vins septentrionaux (de Côte-Rôtie à Hermitage), 6 méridionaux (de Rasteau à Châteauneuf) et un de Provence (Bandol)
 
2020 Rhône nord rouges : il n'est pas exagéré de qualifier dès à présent 2020 de très grand millésime classique pour la syrah. Vendangés précocement dès les premiers jours de septembre, les 2020 ont tout pour plaire : des arômes de framboise, violette et réglisse, un velouté de texture soutenu par une acidité un peu vive que le temps assagira, une structure et une richesse tannique rappelant celles des 2015. Rendements normaux, degrés alcooliques inférieurs de 0,5° à ceux de 2019.
 
2020 Rhône sud rouges : millésime hétérogène dans le secteur d'Avignon : certains ont été débordés par des rendements trop importants (notamment pour le mourvèdre), d'autres ont connu des blocages de maturité en raison de la sècheresse prolongée de l'été (de juillet à septembre, il est tombé 83,5mm de pluie au lieu de 171,8mm en moyenne trentenaire, soit moins de la moitié), et obtenu des vins dilués et/ou courts et/ou pas assez mûrs. Une fois de plus, les vieilles vignes ont fait la différence, par la limitation naturelle de leurs rendements et par une alimentation hydrique régulière (enracinement plus profond). Dans ces conditions, on retrouve comme dans le nord les qualités de dynamisme et de pureté aromatique qui sont la signature du millésime 2020, le Gigondas vieilles vignes de Tardieu-Laurent étant une parfaite démonstration de la suprématie des vieilles vignes en 2020. Rendements faibles en 2020 chez les producteurs rhodaniens qualitatifs.
 

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2ème semaine (17-21 mai) : En attendant Lisa, Antonio, Neal et les autres...

Finalement, cette semaine aura été riche en nouveaux Bordeaux 2020 mais pas aussi pléthorique qu'attendu :

Bordeaux blanc sec : Carbonnieux
• Bordeaux liquoreux : Haut-Bergeron (nouveau), Clos Haut-Peyraguey (nouveau), Coutet, Guiraud bio, Suduiraut

Graves / Pessac-Léognan : Carbonnieux
• Médoc / Moulis / Listrac : Fonréaud (nouveau), Mauvesin-Barton
Margaux : La Tour de Mons
• Saint-Julien : Langoa-Barton, Branaire-Ducru, Léoville-Barton
• Saint-Estèphe : Tour des Termes
 
Rive Droite / Libournais : Les Trois Croix, La Dauphine bio, Moulin Haut-Laroque, Domaine de l'A
Saint-Émilion : Poesia, Barde-Haut, Moulin Saint-Georges, La Dominique, Le Carillon d'Angélus, Angélus
 
Oscars : tout Bordeaux (ou presque) attend que les critiques américains influents (Lisa Perrotti, Antonio Galloni, Neal Martin...) rendent leur verdict sur les Bordeaux 2020 dans les prochains jours avant fin mai. Les déplacements entre continents étant rendus (quasi) impossible ce printemps, ceux-ci ne sont pas venus à Bordeaux goûter les 2020 mais ont reçu comme l'an dernier des brassées d'échantillons à goûter chez eux. Nous vous ferons part de leurs avis sur notre site dès que nous les aurons. Les notes et commentaires globaux seront sûrement élogieux à la hauteur de la qualité du millésime 2020, mais avec la variabilité induite par la durée et les avaries du transport, la température durant l'acheminement, etc.
 
Quine : notre liste des Sauternes/Barsac 2020 est maintenant complète, sachant que Climens est absent (infime production, comme tous les ans depuis 2016) et que Yquem, Fargues et Rieussec ne seront proposés qu'à la mise en bouteille en septembre 2022. Nous avons écrit dans la lettre d'informations générales sur le millésime (ici) que 2020 était "miraculé" en Sauternais. Ce millésime a donné pendant 2 mois des sueurs froides aux producteurs de grands vins liquoreux, pour une infime production de qualité inespérée et nous invitons à lire les appréciations des dégustateurs pour chacun des 6 crus que nous avons retenus (en cliquant sur le cru, vous verrez apparaître les notes et commentaires parus à ce jour).
 
Abnégation : tous les châteaux du Sauternais forcent notre admiration. Peut-être plus encore Suduiraut cette année : 1ère trie de nettoyage du 16 au 19 septembre, 2ème trie du 29 septembre au 15 octobre toujours pour rien, 3ème trie riche et bien botrytisée (le cœur du millésime) du 19 au 24 octobre, 4ème trie, minuscule mais qualitative, du 4 au 6 novembre. Au final, les vendangeurs sont passés 4 fois sur la totalité de 91 ha du vignoble pour une production totale de 8,5 hl/ha.
 

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1ère semaine (10-14 mai) : Coup d'Envoi

Les châteaux bordelais ont donné cette semaine le coup d'envoi de la campagne Primeurs 2020, avec nombre de petits crus mais autant de grands talents :

Bordeaux blanc sec : Clos Floridène, Doisy-Daëne, Couhins (nouveau), Haut-Bergey bio, Larrivet Haut-Brion
• Bordeaux liquoreux : Doisy-Daëne
 
Graves / Pessac-Léognan : Clos Floridène, Haut-Bergey bio, Couhins (nouveau)
• Médoc / Moulis / Listrac : Du Retout, Lousteauneuf, Petit Manou, Belle-Vue, Charmail, Clos Manou
Margaux : Deyrem-Valentin
 
Rive Droite / Libournais : Reynon, Puyguéraud, Alcée, La Mauriane bio, Dalem, Haut-Carles, La Fleur de Boüard, Clos Louie bio
Saint-Émilion : Cheval Blanc
 
Stabilité : en maintenant peu ou prou les prix de l'an dernier, les crus blancs ou rouges de cette semaine sont autant de remarquables rapports qualité/prix en 2020 comme seul Bordeaux sait en produire dans les grands millésimes. Une seule exception : Clos Louie a augmenté son prix de 25%, au prorata d'une production réduite (pas de second vin Louison et Léopoldine en 2020).   
 
Galop d'essai : la mise en marché surprise de Cheval Blanc dès cette semaine a créé l'évènement et n'est pas sans nous rappeler celle de Pontet-Canet l'an dernier en lancement de la campagne Primeurs 2019. Avec une hausse de prix très modérée de +7% cette année (après une baisse de 32% l'an dernier), Cheval Blanc 2020 est proposé à 450 € HT la bouteille, il était à 616 € HT en Primeurs 2018. Bravo et merci à Cheval Blanc de montrer la voie aux autres grands crus.
 
5ème grand millésime depuis 2015 : au vu des cumuls d'ensoleillement et de température de l'été, il était évident que 2020 serait à nouveau un grand millésime pour les Bordeaux rouges. Dans la formidable série de grands millésimes bordelais récents - 2015, 2016, 2018, 2019 et 2020 -, notre intuition est de placer 2020 derrière les exceptionnels 2016 (le raffinement) et 2018 (la richesse) mais devant 2015 et 2019. Vous retrouverez nos commentaires et appréciations sur le millésime 2020 dans la lettre d'information : ici.
 

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